La fin d’une année... un début prometteur
Et voilà, notre toute première année sans école touche à sa fin. Nous sommes déjà presque partis en Corse, en tout cas dans la tête !
C’est le moment du bilan. Bien sûr nous continuons ! Les filles sont ravies et ne réclament pas de retourner à l’école, alors tout va bien. Quant à nous, nous sommes heureux de pouvoir être avec elles et d’être les témoins de leurs apprentissages. Le rythme a été beaucoup plus calme et détendu cette année, que l’année précédente, avec plus d’improvisation et de liberté. C’est ce que nous souhaitions trouver, c’est donc gagné de ce point de vue là aussi.
En ce qui concerne les apprentissages, je rame encore... J’imagine que c’est normal pour une première année. J’oscille toujours entre la volonté d’imposer une plage horaire de travail chaque matin afin de prendre un bon rythme (avec la liberté de choisir son travail) et la volonté de laisser les filles complètement libres et de voir vers où cela les mène ; avec bien sûr une ambiance qui va soutenir et suivre leurs intérêts.
Avec le recul, je trouve que notre année a été un peu brouillon et chaotique, même si elle s’est déroulée sereinement. Mais je suis contente de ce que nous avons vécu. Il y a eu des moments de travail régulier et d’autres pendant lesquels nous nous sommes laissés aller. Ce n’est pas évident de peser le pour et le contre dans les milles façons de mener l’IEF.
Au fond de moi, j’aimerais laisser totalement les filles libres de choisir quoi apprendre, à quel moment et comment. Mais cela suppose une énorme confiance en l’enfant, en sa volonté d’apprendre, de comprendre et de découvrir (et une énorme préparation de l’adulte aussi...). Chez moi, cette confiance est malheureusement encore un peu altérée par mon vécu d’écolière, par tout le poids de la société et l’entourage, et par le fait que nous devons subir un contrôle qui ne collera pas à notre réalité, mais à celle de l’éducation nationale. La seule chose dont je n’ai pas envie est d’être en guerre contre l’Inspection académique, car ce n’est pas là que je souhaite mettre mon énergie. Alors oui, je défendrai nos droits d’instruire en famille de la manière dont nous souhaitons et nous refuserons que nos filles soient testées selon les modalités de l’éducation nationale, mais je n’entrerai pas en guerre contre l’institution au risque que mes enfants en subissent les conséquences néfastes.
Ce qui est certain est que les apprentissages ne peuvent pas être linéaires et que la progression n’est pas simple à voir. Et c’est précisément de là, pour moi, que naissent le doute et tous les conflits intérieurs que je vis au fil du temps dans cette aventure.
Mais si je regarde en arrière l’année écoulée, il y a de la matière et il en ressort déjà quelques grands principes que je vais utiliser plus consciemment pour la seconde année :
Il y a d’abord le dessin. J’en ai parlé dans ce billet. C’est certainement l’activité principale des filles, et je vais capitaliser là-dessus. Le dessin est un bon moyen de mémorisation et d'appropriation des idées.
Un autre élément fort est la lecture. Elle a été un point important de nos apprentissages. Nous avons lu de tout ; des romans, des biographies, des BD, des beaux livres, des encyclopédies, des magazines... Le plus souvent, c’est moi qui lit à haute voix, mais Liv passe aussi beaucoup de temps à lire seule (plutôt des romans, des magazines comme ImagesDoc ou des BD).
La bibliothécaire est devenue copine avec les filles maintenant et elle leur met de côté des livres qui pourraient les intéresser ! J’ai aussi acheté pas mal de livres cette année afin de constituer une collection variée qui va permettre aux filles de mener leurs propres recherches.
Il faut je pense que je mette à profit ces temps de lecture en les poursuivant par des discussions sur le sujet : de quoi ça parle, où ça se situe, est-ce une fiction ou un fait réel, est-ce que l’histoire veut nous transmettre un message ?... et voir comment la lecture peut se rattacher à un autre sujet ; d’histoire ou de géographie par exemple.
Le dernier élément fort de nos apprentissages concerne tout ce qui est “travaux manuels”. Les filles adorent bricoler, confectionner des choses, faire des expériences... C’est un très bon moyen de mobiliser leur intelligence et leurs connaissances, et de faire des découvertes, ou consolider des notions. Elles ont ainsi des occasions de résoudre par elles-mêmes des petits problèmes (je voudrais construire une fusée, avec quoi puis-je le faire, de quelle manière... ?) et de se poser des questions qui les feront réfléchir et avancer.
Un point sur lequel j’aimerais me concentrer plus est la question des sorties. Il faut faire des sorties, nos enfants ne doivent pas rester en vase clos dans la famille, ils doivent rencontrer plein de gens différents avec lesquels partager et échanger. J'ai parlé ici de la fameuse socialisation.
Mais il y a un point important dans la pédagogie Montessori 6-12 au sujet des sorties : elles doivent être issues de la volonté de l’enfant et organisées par l’enfant. Selon son âge il y participe plus ou moins, mais il y participe toujours. C’est essentiel. Il ne s’agit pas de sortir pour sortir, il s’agit d’un travail plus global qui implique l’enfant, sa volonté et son intérêt. Cela nécessite une préparation en amont et un travail par la suite pour prolonger le sujet.
J’aimerais également en plus des sorties, chercher à rencontrer des personnes qui peuvent nous parler de leur métier, de leur passion. Passer juste un après-midi avec elles pour visiter leur atelier, poser des questions, toucher, essayer, discuter, partager et s'enrichir d'une belle expérience.
Mon souhait est d’entourer mes filles de beauté et de choses intéressantes, créatives et motivantes pour nourrir leur esprit et leur âme tout autant que leurs intérêts.
Il y a bien sûr la pédagogie Montessori en toile de fond de tout cela, et je vais mettre à profit mon stage Montessori 6-12 sur l’histoire et la géographie pour recommencer à la rentrée la série des 5 grands récits à raconter avant Noël.
Cette pause estivale est la bienvenue pour approfondir toutes ces réflexions, préparer du matériel et repartir d’un bon pied en septembre (ou octobre ;-))
Ce qui est génial avec l’IEF est que nous pouvons choisir les méthodes (ou non-méthodes) ainsi que le matériel qui conviennent le mieux à nos enfants. Et loin de faire “l’école à la maison” nous allons plutôt poursuivre notre joyeuse aventure avec un style un peu mixte entre leçons, apprentissages autonomes et voyages !
D'ici là, je reviendrai par ici poster des images de notre été.
Belles vacances à tous !