Petits cocons
Pendant nos vacances dans la Drôme nous avons visité le musée de la soie à Taulignan, où l'on peut voir tout le processus de la production de la soie, depuis les vers jusqu'au tissage des fils pour en faire du tissu.
Les filles étaient curieuses à l'idée de voir en vrai des cocons de vers à soie et la manière dont le fil se dévide du cocon. Je leur avais lu "Claudine de Lyon", l'histoire d'une petite fille de canut qui doit travailler dans l'atelier de son père. Elle tisse de la soie toute la journée et en tombe malade. Elle va se reposer dans la Drôme chez sa tante, qui élève des vers à soie... Ce n'est pas une histoire vraie (dans le sens où le personne n'a pas vraiment existé) mais elle est basée sur des faits réels et c'est bien documenté.
Plus tard, je leur ai lu un passage de ce livre : The story of the World. Voici l'histoire :
Au début, les chinois vivaient dans des villages séparés, tout comme le peuple de Mésopotamie. Mais finalement, des chefs unirent les différents villages de la vallée du fleuve Jaune en un seul royaume. L'empereur de ce royaume était nommé Huang Di. Il a vécu il y a tellement longtemps que nous ne savons pas grand chose de lui - mais il y a plein d’histoires qui racontes ses lois. Des légendes disent que c’est Huang Di qui a découvert la médecine et a appris au peuple chinois comment guérir des maladies. Sa femme, l’impératrice Lei Zu, a découvert que certains vers construisent leur cocon avec des fils de soie :
Un jour, l’impératrice Lei Zu s’assit dans son jardin, sous un mûrier. Venant de l'extérieur des murs du palais, elle pouvait entendre le bruit des caravanes négociant leurs marchandises, le bruit des sabots des chameaux sur la pierre, et les voix des marchants de bonbons, de bijoux et de thé.
Mais le jardin muré de Lei Zu était calme et paisible. La brise balançait les feuilles du murier au-dessus d’elle. Elle appela sa bonne. “ Min Lai, apporte-moi mon repas dehors. Je vais manger dans le jardin aujourd’hui !” Rapidement, Min Lai apporta le repas préféré de l’impératrice - de la viande de tortue à l’ail et au gingembre, des fruits confis et du riz, accompagné d’un pot de thé fumant et parfumé. Lei Zu respira la riche senteur du thé alors qu’elle s’en versait une tasse. Elle porta la tasse à sa bouche, et quelque chose tomba dedans, juste devant son nez. Elle regarda dans sa tasse. Là, flottant dans l’eau chaude, il y avait quelque chose de petit, rond et blanc. Elle observa les branches du mûrier. Des centaines de petit cocons blancs pendaient au dessus de sa tête - les cocons des vers à soie. À l’intérieur des cocons, des chenilles se transformaient en papillons. Rapidement, elles sortiraient du cocon en mâchant la soie et s’envoleraient.
– Regarde Min lai, dit-elle, un cocon est tombé dans mon thé !
– Laissez-moi vous apporter une tasse propre, proposa la bonne.
– Attend, lui dit Lei Zu. Elle sortit doucement le cocon de sa tasse. Il semblait être fait d’un fin et lumineux fil, enroulé des centaines de milliers de fois. L’eau chaude avait commencé à détacher le fil. Lei Zu tira délicatement sur un bout et le sorti de l’eau. Elle tirait et le fil se déroulait. Il était de plus en plus long, toujours plus long. Elle se leva de son siège et marcha à travers le jardin, tirant le fil derrière elle. Il était si long qu’elle fit le tour du jardin une douzaine de fois ! Le fil était si léger qu’il flottait dans le vent et il brillait au soleil comme de l’argent.
– Si seulement je pouvais tisser ce fil pour en faire du tissu ! s’émerveilla Lei Zu. Quel vêtement je pourrais faire pour mon mari l’empereur !
– Mais c’est trop fin pour être tissé, dit Min Lei.
– Prend-moi un autre cocon, Lin Lei, dit l’impératrice. Nous allons en dérouler un autre.
Tout l’après-midi, l’impératrice et sa bonne déroulèrent le fil fin et brillant des cocons des vers à soie. Elles entortillèrent les fils ensemble jusqu’à ce qu’ils soient aussi épais que des fils de coton. Alors l’impératrice appela sa couturière.
– Peux-tu tisser un vêtement à partir de ces fils ? demanda-t-elle.
–Je n’ai rien vu de pareil ! s’exclama la couturière. Ils sont aussi fins que des cheveux, mais aussi doux que des pétales de rose.
Elle emporta les fils et les tissa pour en faire une étoffe qui brillait comme l’eau au soleil, et avec ce tissu Lei Zu fit un vêtement pour son mari. Quand il le vit, il eut le souffle coupé par tant de merveille.
“À partir de maintenant” dit-il, nous allons appeler cela de la soie. Le secret de fabrication de ce merveilleux tissu devra rester entre les murs du palais. Seule la famille royale devra savoir que ce trésor venait des cocons des vers à soie !”
Alors Lei Zu et sa couturière fabriquèrent des tissus magnifiques appelés "Soie". Elles nourrissaient les vers à soie jusqu’à ce qu’ils aient tissé leurs cocons. Ensuite, elles déroulaient soigneusement les précis fils de soie. Bientôt la Chine fut connue pour sa soie - le tissu que personne d’autre au monde ne savait fabriquer.
C'était donc très intéressant de visiter ce musée. Les filles ont pu faire fonctionner les différentes machines et visualiser les étapes, des vers à la soie. Puis à la fin de la visite, nous avons acheté des cocons. La personne présente a expliqué aux filles comment s'y prendre pour dérouler le fil de leurs cocons. Ce qu'elles ont fait à peine rentrées à la maison !
Un seul cocon peut produire entre 800 et 1500 mètres de fil. Les filles n'est pas eu la patience d'aller si loin, et ne sont pas arrivées à dévoiler la chrysalide au centre du cocon. Elles le feront petit à petit. En tout cas, le fil produit, même s'il est très irrégulier, est étonnement solide !